Nous avons vu dans l’article précédent ce que signifiait être responsable. Et surtout, de quoi je suis responsable. Voici la réponse : je suis à 100% responsable de ce que je fais, ce que je dis, ce que je pense et ce que je ressens. Pour rappel, vous pouvez lire cet article : « Responsable, oui ! Coupable, non ! Les responsabilités qui incombent à chacun ».
Mais après tout, pourquoi m’embêter à réfléchir sur tout cela et faire évoluer mes habitudes ? Et bien, nous allons voir ce qui arrive lorsque l’on ne prend pas ses responsabilités ou qu’au contraire on en prend trop.
1. Si je n’assume pas mes responsabilités
Je n’ai pas toujours envie de prendre en charge ce qui me revient. Parfois, je préfère me dire que je ne suis pas à l’origine d’une situation, que je suis impuissante de ce qui arrive. En bref, je préfère me mettre en position de victime. Mais nous ne devons pas confondre la position de victime et l’état de victime.
Lorsque je fais comme si je n’avais pas le choix dans ce qui m’arrive, j’adopte une attitude de plainte et d’apitoiement. J’en tire alors certains avantages comme laisser les autres gérer ou abandonner certaines situations, être consolée, rester inactive s’en m’en vouloir ou encore attendrir des proches… Je nie les responsabilités personnelles. On le fait tous à certains moments, mais développer sa conscience et prendre ses responsabilités est important pour se sentir en paix avec soi-même.
Voici quelques bons exemples :
– Râler contre les politiciens et leurs décisions mais ne pas aller voter.
– Maudire la mondialisation alors que je fais toujours mes courses à l’hypermarché du coin.
– Dire que je vais me coucher trop tard à cause de la télévision (ou autre écran).
– Donner trop de cochonneries à manger à mon enfant car sinon il va pleurer ou que je suis trop fatiguée pour lutter.
– Continuer de fumer parce que je suis dépendante.
– Excuser mon retard parce que machin me tenait la jambe.
– Crier sur mon enfant ou mon conjoint parce qu’il m’énerve.
– Harceler une jeune fille sous prétexte qu’elle porte des shorts et qu’elle me sourit.
Et j’en passe…
Certaines situations dans lesquelles on se victimise sont à tel point banalisées que l’on y fait même plus attention. Je suis sûre que vous avez en ce moment-même moult exemples en tête.
Cette manière de penser et de se situer s’accompagne de paroles plus ou moins internes : « j’y peux rien » – « j’ai pas le choix »… et même parfois : « Tu me fais de la peine » – « Tu m’énerves »… Mais nous ferions mieux de dire : « Je m’énerve quand tu fais cela. » C’est un bon exercice d’utiliser le « je », afin de récupérer le pouvoir d’action qui va avec.
2. Si j’assumer trop de responsabilités
Si j’assume davantage, je m’expose à de gros sentiments de culpabilités qui pourtant ne m’incombent pas. Mais c’est l’impression que j’ai : « c’est ma faute… s’il est en colère, si elle souffre de notre rupture, s’il me trompe… ». Mais prendre d’autres responsabilités que les miennes ne me donne pas plus de pouvoir d’action, je ne peux pas réparer. Ce n’est pas mon action qui est en jeu. Au contraire j’augmente mon sentiment d’impuissance. Mon impression de culpabilité n’est d’aucune utilité.
Pourtant la culpabilité peut être une émotion positive. Si elle apparaît alors que je suis effectivement fautive, elle me pousse à réparer ma faute. Les émotions, de façon générale, sont des mécanismes utiles dont la finalité est de préserver l’équilibre et la survie de l’organisme. La saine culpabilité est donc une sorte de garde-fou social qui nous pousse à suivre les règles.
Alors suis-je vraiment coupable ou non de telle ou telle situation ? Et bien si j’ai fais le choix, je dois en assumer la responsabilité.
3. Victimisation et culpabilisation : un couple inséparable
Celui qui se positionne en victime refuse de prendre ses responsabilités. Il attend que quelqu’un d’autre les prenne à sa place. Au contraire lorsque je prend plus que mes responsabilités, j’empêche l’autre de mettre en oeuvre son pouvoir d’action, je l’infantilise. Il y a un jeu de pouvoir qui se met en place. Si en effet, vous ne prenez pas vos responsabilités ou que vous ne prenez trop, vous entrez dans l’arène. Et là vous êtes soit victime, soit persécuteur, soit sauveur. Alors qui êtes-vous ?
Là où il y a une victime, on trouvera bientôt un persécuteur ou un sauveur. Et inversement. On retrouve ce schéma dans les entreprises ou dans le couple. Si vous avez opté pour une position et que vous voulez la faire évoluer, il faut vous attendre à devoir faire bouger ceux qui vous entourent et qui eux-aussi ont pris des habitudes.
Sur le plan relationnel, ce jeu a peu de conséquences positives. Il favorise l’immobilisme et la pérennisation de l’insatisfaction. Il est donc de bon ton pour votre avenir de ne pas tomber là-dedans.
Si vous y réfléchissez, vous vous rendrez compte que nous sommes dans une société qui crédite beaucoup la victimisation et les jeux de pouvoir. Il faut un vrai recul pour voir ces situations ressortir du tableau. Je me pose et je regarde, je ne juge pas mais je constate. Plus tard, je pourrai me regarder et constater que peut-être je me plains un peu trop, ou que je prend tout sur moi, que j’en fais voir des vertes et des pas mûrs pour pas un sou à mes enfants ou que je vis pour sauver le monde… Dans tous ces cas, je fonce dans le mur. Alors pour retrouver le plaisir d’être en relation autant que pour retrouver mon bien-être personnel, je dois impérativement prendre mes responsabilités, mais rien que mes responsabilités.
Dans un dernier article sur ce livre, nous verrons la mise en pratique de la répartition des responsabilités. En attendant, culpabilisez pas trop, on est humain après tout 😉